Bienvenue dans l'ère de l'uniformité 🤖🤖🤖
Comment notre cerveau, l'IA et le marketing encouragent l'homogénéisation
🎧 Apricot - Bicep - pour se concentrer au travail avant les vacances 🌊
Hello à tou.te.s,
Bienvenue à celles et ceux qui nous ont rejoint après avoir lu mon post LinkedIn sur le sujet du cadre éthique des intelligences artificielles génératives - je ne m’attendais pas à avoir un tel écho, mais vous avez été plus de 200 000 personnes à le lire, près de 900 à le commenter et plusieurs centaines à vous inscrire à la newsletter ! 😳 Ce petit buzz me conforte clairement dans l’idée que les sujets qui questionnent l’impact de la technologie et du marketing sur la société et nos vies vous intéressent - alors je continuerai de les traiter ici et dans le podcast !
J’espère que vous lirez cette newsletter depuis un endroit ensoleillé et agréable ☀️ De mon côté, je l’écris depuis la merveilleuse ville de Marseille, où j’ai déménagé il y a un mois ! Si vous y vivez aussi, faites moi signe pour un petit café à La Plaine ou une baignade à Malmousque 🌊 (après les walking meetings, les swimming meetings ? Je tente de lancer la tendance).
Ces derniers temps, j’ai beaucoup réfléchi à l’uniformisation de nos vies, encouragée par les réseaux sociaux - et potentiellement encore plus par les intelligences artificielles. Nous vivons dans une époque où la singularité et l’originalité sont portées au nues, et pourtant, le conformisme social me semble de plus en plus fort - alimenté par les entreprises et les plateformes numériques. L’article du mois est donc dédié à ce joyeux paradoxe !
La newsletter prendra ensuite deux mois de vacances - je vous promets de vous revenir à la rentrée en pleine forme avec des sujets passionnants, quelques nouveautés pour The Storyline - et surtout un livre dédié au sujet des communautés de marque !
Bonne lecture !
Noémie
Vous le savez peut-être déjà : il y a maintenant presque deux ans, j’ai co-fondé Komuno, la première école francophone des Community Builders. Depuis, mon associé Alexandre, moi-même et les mentors de talent qui nous entourent avons formé des marketeux, créateurs, entrepreneurs et communicants à l’art de créer et d’animer des communautés engagées.
Après avoir formé plus de 100 étudiants, nous avons décidé de repenser entièrement le programme pour l’adapter encore plus précisément aux enjeux que nous avons pu observer.
Résultat de notre travail : la semaine dernière, nous avons inauguré le lancement de deux nouvelles formations :
Pour ceux qui souhaitent lancer leur communauté mais ne savent pas comment se lancer : la formation Fondations - un programme d’une journée pour créer sa Minimum Viable Community et sa feuille de route. Avec Fondation, on pose les briques essentielles pour passer de 0 à 100 vrais fans 🌱
Pour ceux qui ont déjà une audience engagée ou une communauté, mais ne savent pas comment la structurer, la monétiser et la faire grandir de manière stratégique : la formation Master - 3 mois accompagné.e d’un.e mentor expert.e, pour créer son Community System et une stratégie solide. Avec Master, on pose les rails de la croissance et on fait décoller sa communauté ! 🚀
Je n’ai jamais été aussi fière d’un accomplissement (et pourtant, j’ai touché le bras de Keanu Reeves à quinze ans 😂).
Plus sérieusement, si vous écoutez le podcast The Storyline, vous le savez : je suis convaincue que les communautés de marque sont le futur du marketing (et des entreprises). Elles sont aussi la porte d’entrée vers des stratégies et des pratiques plus human-centric, plus pérennes, plus justes et plus engagées. Bref - si le sujet vous intéresse, allez voir nos programmes, écrivez-nous pour en parler et - soyons fous - rejoignez la grande famille de Komuno en vous formant à nos côtés !
Brain food 🧠
Des signaux faibles (ou forts) révélant les liens complexes entre marques, individus et nouvelles technologies - et l’impact sur nos jobs et nos modes de vie.
👋 Bye bye ChatGPT ? Sam Altman, le PDG d'OpenAI, a fait part de ses "nombreuses inquiétudes" à propos des nouvelles réglementations en matière d'IA préparées par l’UE. Elles pourraient selon lui contraindre OpenAI à "cesser ses activités" sur le territoire européen.
🛍 La mode éthique en PLS. Shein, la marque de fast fashion controversée et très critiquée pour son empreinte carbone et les conditions des travailleurs qui produisent ses vêtements, s’est associée à Mukesh Ambani, l’homme le plus riche d’Inde, pour revenir dans le pays après en avoir été bannie en 2020.
👮♀️ Bientôt la fin des GAFAM ? C’est en tout cas ce qu’a prédit Bille Gates, qui dans un élan d’optimisme, a annoncé la mort future de Google Search et d’Amazon sous l’impact de l’IA…
👺 Pendant ce temps-là, du côté de Facebook… Euh pardon, de Meta, qui continue sa descente aux enfers avec une nouvelle amende record de l’UE de 1,2 milliards d’euros - autant que les six dernières qui lui avaient été infligées - pour ne pas avoir suffisamment protégé les données des utilisateurs contre la surveillance américaine
🌕 Tout plaquer et s’installer sur la Lune. Pendant qu’on galère sur la planète Terre, Jeff Bezos et Elon Musk se livrent une bataille commerciale sans pitié sur la Lune. Bezos aurait été récemment choisi par la NASA pour construire un véhicule qui transportera des astronautes à la surface de la Lune et vice-versa.
😡 Bad Twitter. Le réseau social à l’oiseau s’est fait récemment remarquer pour s’être retiré d'un accord volontaire mis en place par l'Union Européenne pour lutter contre la désinformation en ligne. « Mais les obligations demeurent. Vous pouvez courir mais vous ne pouvez pas vous cacher », a précisé Thierry Breton.
🌱 Les punitions contre le greenwashing s’accélèrent. C’est en tout cas ce que laisse penser cet article qui liste 6 pubs récemment bannies au UK pour cause d’éco-blanchiement !
✈️ D’ailleurs, en parlant de greenwashing… La compagnie aérienne Delta est traînée en justice (par un recours collectif de consommateurs) pour avoir prétendu être neutre en carbone. La bonne blague !
🚀 La viralité sur TikTok est-elle terminée ? Une analyse des potentiels leviers et « growth patterns » responsables de la baisse des vues observée par de nombreux créateurs sur TikTok.
Pause café ☕
Des informations random pour se marrer, se détendre ou s’inspirer
🌈 Des séminaires sous kétamine. Ça vous paraît dingue ? Pourtant, les séminaires « corpo durant lesquels on prend cette drogue dure semblent se démultiplier outre-Atlantique… Innovation radicale ou très mauvaise idée ? À vous de trancher !
🦟 Hygiène 0 - 1 moustiques. Cet été, pour éviter d’être couvert.e.s de piqûres de moustiques, les chercheurs vous conseillent d’éviter le savon. Le parfum nous rendrait potentiellement plus attirants pour ces derniers !
🏋️♀️ Dites adieu à votre cours de HIIT. Saviez-vous que les personnes ayant la meilleure santé ne sont pas celles qui vont au sport et font du cardio non stop ? Non… Le secret serait en réalité le mouvement doux et régulier !
🍪 Et dites bonjour à ce cookie qui vous fait de l’oeil ! Selon une étude relayée par The Guardian, les régimes alimentaires rigoureux ne seraient pas forcément plus bénéfiques pour la santé que les petits écarts de temps en temps.
😎 On a trouvé un égo encore plus gros que celui d’Elon Musk. C’est celui du fondateur de SoftBank, qui s'est comparé à Jésus et à Yoda. Pourtant, son fonds aurait perdu un montant record de 32 milliards de dollars cette année.
🐢 Meet Chonkosaurus. Si vous passez une sale journée, je vous invite à aller découvrir cette énorme tortue serpentine qui est tout simplement incroyable. Elle a même été baptisée « Chonkosaurus » par les habitants de Chicago, sa résidence.
🧜♀️ Adieu les tendances. Dans un monde où « mermaidcore » est considéré comme une tendance et qu’on se fait « cancel » à tout va, Fast Company s’interroge et pose la question : les tendances ont-elles perdu tout leur sens ?
👦 Lord of the Flies, édition Amazonie. 4 enfants ont survécu seuls pendant 40 jours, bloqués dans la forêt amazonienne, après un crash d’avion.
☀️ (
no) tomorrow. Après la dystopie et l’utopie, découvrez la protopie, définie par Usbek et Rica comme « un futur désirable dans lequel les sociétés améliorent leurs conditions de vie et celles de la planète progressivement et avec des outils accessibles ».
Pour celles et ceux qui nous ont rejoint depuis le mois dernier, bienvenue ! Dans cette rubrique, je partage mon expérience d’écriture d’un livre sur le sujet des communautés de marque avec les éditions Eyrolles.
Quelques belles nouvelles à vous annoncer en ce qui concerne le livre :
👌 La première, c’est que la version finale a été validée ! Après quelques aller-retours et la correction de plusieurs « pétouilles » finales, il est désormais du côté d’Eyrolles.
Une date de publication cible a même été validée : il sortira (si tout va bien) le 14 septembre 🥳 Un événement de lancement sera organisé à la librairie Eyrolles, la date reste à confirmer.
J’organiserai pendant une ou deux semaines avant une campagne de pré-commandes, qui donnera accès à une toolbox ultime de la création de communautés et de contenus. Une sorte de bibliothèque Notion ultra complète sur laquelle je bosse depuis plusieurs mois… Stay put ! 👀
C’est tout pour cette édition - j’ai hâte de vous retrouver à la rentrée pour célébrer la publication de ce gros bébé !
Une dernière nouvelle avant l’article… 🗞
Vous l’avez peut-être découvert au détour de l’épisode #72 : le Médiavivant, co-fondé par Jean-Baptiste Mouttet, est en pleine campagne de levée de dons sur Ulule !
Le modèle de ce média marseillais pas comme les autres est passionnant : en plus d’écrire des articles d’investigation, les journalistes racontent l’actualité sur scène, autour d’un verre, sans filtre ni censure. L’ambition de JB et son équipe est simple : rendre l’information plus abordable pour tou.te.s. Et pour ça, ils ont besoin d’un petit coup de pouce ! Alors si vous voulez aider une cause importante et cool, rendez-vous sur leur page Ulule :
Quand tout finit par se ressembler
Ctrl + C / Ctrl + V de ta vie
Il y a un mois, j’ai décidé de déménager à Marseille. Ayant grandi en Alsace et passé la majeure partie de ma vie professionnelle à Paris, je peux vous dire que quand j’ai posé mes valises dans le Sud, j’ai été dépaysée !
Et pourtant… Pourtant, je me suis retrouvée à chercher à reproduire tous les aspects de ma vie passée à Paris. J’ai vite repris toutes mes routines : me réfugier pour écrire (notamment cette édition de la newsletter) dans un coffee shop rempli des hipsters couverts de tatouages et d’américains qui s’extasient sur le French lifestyle à la table d’à côté. Sortir dans les quartiers populaires pour se trémousser sur de la techno. Aller travailler dans un coworking où se retrouve toute la startup nation, édition phocéenne…
Finalement, après un mois dans ma nouvelle vie, j’avais un peu l’étrange sensation d’avoir fait un Ctrl + C / Ctrl + V de ma vie parisienne. Les pigeons en moins, et le soleil et les mouettes en plus.
Cette réalisation m’a fait penser à feu ma vie de nomade digitale. À l’époque où je changeais de lieu de résidence plusieurs fois par an, ma routine était en effet bien rodée :
la première chose que je faisais systématiquement en arrivant en ville ou à l’aéroport (mea culpa) dans un nouveau pays, c’était d’acheter une carte SIM avec un pack 4G illimitée, pour être connectée en permanence ;
puis, je dégainais vaillamment Google Maps, pour me diriger vers mon hôtel, repéré sur Booking.com ;
je choisissais généralement des colivings ou des hostels, pensés pour les nomades et les solo travelers. À l’arrivée dans ces endroits, j’étais ajoutée sur un groupe WhatsApp regroupant tous les résidents et invitée à rencontrer ces derniers autour d’un verre ou d’une excursion ;
la semaine, je posais mes fesses dans un espace de coworking ou un café repéré sur Tripadvisor et pensé pour attirer les télétravailleurs : ventilateurs, petite musique d’ambiance, chaises au confort relativement acceptable…
le weekend, j’ouvrais Insta ou le guide du Routard pour identifier les lieux culturels et touristiques incontournables à découvrir aux alentours.
Et puis quelques mois plus tard, c’était « rinse and repeat » comme blaguaient mes amis anglophones. On prend une ville et des gens différents, et on recommence.
Décrit comme ça, ça a l’air un peu horrible et surtout très répétitif, non ? Pourtant, j’étais persuadée de vivre une vie ultra-aventureuse, originale et surtout unique. Mais en y regardant d’un peu plus près, toutes mes décisions et mes expériences étaient influencées par des plateformes et les algorithmes qui les alimentent.
Bien sûr, l’imprévu et le hasard avaient encore une petite place dans cette chorégraphie bien ficelée - j’ai notamment souvenir de m’être retrouvée embrigadée par des amis mexicains dans une session de nage avec un crocodile dans une cenote (Darwinisme 1 - 0 Noémie).
Ceci dit, outre quelques aventures ponctuelles, force est de constater que les grands contours de ma vie étaient encadrés par des limites établies par des algorithmes - et que ces derniers encouragent un conformisme notoire.
Je ne suis pas la seule dans cette situation. Nomadisme mis à part, nos vies sédentaires sont elles aussi homogénéisées et cadencées par les algorithmes et les applications :
on découvre (et on suit) les dernières tendances vestimentaires sur Insta et Vinted
on vérifie qu’un endroit est ouvert et comment y aller sur Google Maps
on optimise ses trajets pour éviter de se perdre ou de perdre du temps avec Waze
on s’assure de la coolitude (je ne sais pas si ce mot existe) d’un lieu sur Tripadvisor
on trouve des logements pour organiser ses vacances sur AirBnB
on choisit ses destinations de voyage sur Lastminute.fr ou sur TikTok
Ces comportements sont devenus des réflexes profondément enracinés dans nos vies.
Et bien que très pratiques, ils sont aussi légèrement problématiques, car l’air de ne pas y toucher, ils encouragent une manière unique de faire, de penser, de se comporter : celle plébiscitée par la majorité 😱
Ils semblent être le reflet d’une société dans laquelle la productivité, l’efficacité, la consommation et l’accomplissement sont devenues les valeurs cardinales. Dans laquelle la finalité, c’est produire pour consommer, ou consommer pour produire - une sorte de boucle faustienne sans fin que nous alimentons tous sans nous en rendre vraiment compte. Et dans laquelle nous consommons les mêmes choses et reproduisons les mêmes comportements à l’infini.
Je vous l’accorde, je vais un peu loin - mais en réalité, même si chacun de nous se pense singulier et unique, nous appartenons tous au même moule. Et sous l’impulsion des technologies numériques et de l’intelligence artificielle, ce moule commence à prendre une forme de plus en plus spécifique et un poil inquiétante.
Mais avant de pointer les usual suspects du doigt (coucou la technologie et les GAFAM), il est important de comprendre que nous sommes aussi responsables de cette situation, à nos modestes échelles…
Qui sont les coupables de l’homogénéisation en masse ?
Votre cerveau, coupable #1 👮♀️
La question est légitime : quels sont les moteurs qui accentuent le conformisme culturel et social ? Je n’ai bien sûr pas la prétention de répondre à cette question dans cette globalité (sinon on y sera encore demain), mais il me semble intéressant de prendre conscience de plusieurs éléments qui occupent une place centrale dans l’influence de nos comportements et de nos pensées.
🧠 Le premier, c’est notre cher cerveau. Et plus précisément, notre cerveau reptilien - la partie la plus ancienne et primitive de ce dernier. Des millénaires après l’apparition de l’espèce humaine sur Terre, il continue de nous influencer pernicieusement. Notamment, en ce qui concerne le conformisme social. Car, à l’époque où on pouvait croiser un lion des cavernes ou un ours à chaque coin de grotte (comprendre : la Préhistoire), les humains avaient besoin d’une bonne dose de cohésion et d’un effort de groupe pour survivre dans des environnement si hostiles. De tous temps, ce besoin a encouragé les individus à adopter les normes et les comportements des groupes auxquels ils appartenaient, pour éviter l'exclusion sociale et garantir leur « survie ». Même si aujourd’hui, vous avez plus de chances de succomber à une allergie aux cacahuètes qu’à une attaque de hyène géante, votre cerveau, lui, continue de vous inciter à vous plier aux règles des communautés au sein desquelles vous évoluez.
🙃 Le second, ce sont les biais cognitifs. Notre cerveau (encore lui) est victime de nombre d’entre eux, dont :
le biais de statu quo, qui fait référence à notre tendance à préférer le maintien de l'état actuel plutôt que de changer. Le statu quo offre un sentiment de stabilité et de confort - mais il encourage aussi l’uniformité de la pensée et peut finir par entraver le sens critique…
le biais de confirmation, qui désigne la manière dont nous recherchons et interprétons sélectivement les informations, de manière à confirmer nos croyances et nos attentes préexistantes. Confrontés à des situations familières, nous sommes plus susceptibles de nous concentrer sur des informations qui corroborent notre vision du monde, pour nous sentir plus en sécurité dans nos convictions. La conséquence ? Une exposition de plus en plus limitée à des idées alternatives et la création d’une forme de « pensée unique ».
Par ailleurs, on ne va pas se mentir, aujourd’hui, quand on regarde les informations, on a l’impression de vivre un épisode particulièrement sombre de Black Mirror. Crises, inflation, conflits, planète qui brûle… En temps de crise, l’humain n’est pas particulièrement connu pour son côté aventureux. Au contraire, nous avons plus tendance à rechercher des expériences et des éléments familiers avant tout (toujours pour répondre à ce besoin de sécurité) - un autre élément qui accentue lui aussi le conformisme comportemental.
Bref - il semble difficile de lutter contre des comportements aussi profondément inscrits dans notre manière d’être, de penser et de faire !
Mais le problème, c’est que ces derniers sont également encouragés (et amplifiés) par deux protagonistes clés : les entreprises et les intelligences artificielles. Et le tout s’accélère depuis quelques années…
Les entreprises encouragent la tendance 🏃♀️
Vous l’avez sûrement remarqué : dans l’univers des entreprises, il y a des codes. Des certitudes.
Après plus de 7 ans à évoluer dans des métiers liés au marketing, je me suis rendue compte que mes collègues, managers, équipes, partenaires et moi partagions de nombreuses idées pré-conçues, que nous respections des conventions omnipotentes. On pourrait résumer ces dernières par une longue succession de « règles » (qui sont en réalité plutôt des injonctions) à suivre absolument quand on fait du business :
« le vert, c’est la couleur du secteur de la santé »
« si tu fais un post sur LinkedIn, pour qu’il marche, il faut utiliser la structure AIDA »
« il faut absolument mettre des visages humains sur une landing page pour la rendre plus attractive »
« quand tu es une marque B2C, tu dois absolument avoir un compte sur Insta »
« pour renforcer l’esprit d’équipe, il faut distribuer des tote bags et des sweat shirts floqués à tes collaborateurs »
Et j’en passe et des meilleures.
Plus les entreprises suivent ses conseils, plus elles contribuent à créer une sorte de manière unique de faire, de penser et de développer un business. Une sorte de voie royale, dont personne n’ose plus dévier, par peur de se planter. Mais cette voie royale, même si elle est sécurisante, a tendance à brider la créativité des équipes (marketing ou autres).
Par ailleurs, les tonnes de contenu créé en ligne n’arrange pas les choses. La plupart des blogs répètent les mêmes conseils en boucle, qu’il s’agisse des hacks pour récupérer des followers ou des astuces pour optimiser le parcours client sur son site de e-commerce.
Résultat ? Les entreprises (et notamment les jeunes startups) appliquent ces injonctions à la lettre. Cela paraît relativement normal : nous avons tous besoin dans nos métiers de nous appuyer sur des certitudes, des règles pour justifier nos prises de décision. Pour cela, nous créons des frameworks et des méthodes qui encadrer les actions des entreprises et l’expression de leur créativité.
Souvent, quand on définit sa stratégie marketing, on répète les mêmes choses :
on crée un persona (généralement complètement hors sol)
on analyse les codes de son secteur (et on les applique)
on se renseigne sur les stratégies marketing & growth qui marchent
et puis, on les applique…
… et PAF, ça fait non pas des Chocapic mais des codes sectoriels complètement uniformes et des prises de paroles qui se suivent et se ressemblent :
Que cela soit du côté des solopreneurs, des entreprises B2B, de l’influence ou même des produits B2C… Le mimétisme stratégique est roi, et tout se ressemble de plus en plus.
Et devinez quoi : ce n’est pas prêt de s’arranger… L’ intelligence artificielle promet d’être un véritable accélérateur de cette uniformité, à de nombreux niveaux.
Au niveau de la pensée, en nous enfermant dans des filtres. Je vous en ai déjà moultement parlé : les algorithmes de recommandation ont tendance à nous pousser du contenu similaire à ce que nous avons déjà consommé et pour lequel nous avons manifesté un intérêt (par exemple : les vidéos de chat). Cela peut créer une "bulle de filtre", dans laquelle chaque personne est exposée principalement à des idées, des informations et des produits qui correspondent à ses préférences et à ses comportements passés. Cette homogénéité de l'exposition restreint grandement les perspectives de chacun et limiter l’accès à des points de vue différents ou à des informations contradictoires. C’est notamment ce dont nous avons discuté avec Bertrand Giffon dans le dernier épisode de The Storyline !
Au niveau de nos comportements de consommation. Car l'IA peut aussi utiliser les données récoltées sur les préférences de chaque individu, pour personnaliser ses expériences d’achat en ligne et générer des publicités ultra-ciblées. Une approche qui peut conduire à une surabondance de recommandations similaires, qui renforcent les tendances de consommation préexistantes de chacun, plutôt que de favoriser l'exploration de nouvelles options…
Le constat est effrayant : l’essor des IA génératives promet de pousser encore cette tendance d’un cran, à cause de leur nature même. Les données d’entraînement de ces dernières sont en effet limitées (parfois biaisées), et elles sont conçues pour détecter des schémas et des corrélations dans ces données. Cela peut ainsi conduire à une uniformité des résultats.
Cela signifie-t-il un monde dépourvu d’originalité pour autant ?
Heureusement, non - ce sera l’objet d’un autre article, mais il existe encore quelques astuces pour sortir de sa bulle, que cela soit du côté des particuliers ou des entreprises. Et je voulais dores et déjà vous partager quelques pistes…
[Pour les individus] - Diversifier ses sources d’information et d’inspiration pour travailler son sens critique. Plutôt que de suivre les mêmes personnes et médias que vos potes, explorez les chemins de traverse des internets et allez chercher des opinions et des manières de faire radicalement différents.
[Pour les entreprises] - Se détacher des effets de mode et inscrire ses stratégies dans la durée. Chose difficile, je vous l’accorde ! D’autant plus lorsque nous sommes assaillis au quotidien par de nouvelles tendances virales qui rendent visibles des projets du jour au lendemain… Il peut être tentant de chercher à reproduire les mêmes recettes miracles que ces entrepreneurs au succès fulgurant. Mais ces dernières, plus elles sont reprises par des entreprises, finissent par perdre en efficacité, jusqu’à devenir contre-productives. C’est par exemple le cas du cold outreach sur LinkedIn : à ses débuts, cette approche - qui consiste à pitcher ses services dans les DMs de ses prospects sur le réseau professionnel - fonctionnait plutôt bien. Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’obtenir une réponse en démarchant « à froid », même sur LinkedIn. Pourquoi ? Parce que quand on reçoit 20 messages par jour, on est forcément moins réceptif que quand on en reçoit un ou deux par mois. Aujourd’hui, pour se démarquer, autant opter sur des stratégies plus pérennes, comme la création de contenu de qualité ou l’animation de communauté.
[Pour les entreprises] - Chercher la singularité. Alors bien évidemment, je ne vous recommande pas de choisir une charte graphique basée sur le rouge si l’ensemble de votre marché semble s’être accordé sur le bleu. Car souvent, derrière les conventions, il y a des réalités business. Cependant, il peut être intéressant de tester des postures et des approches légèrement différentes, qui accentuent l’originalité de votre marque. Cela peut passer par une tonalité éditoriale plus familière que celle de vos concurrents, l’usage de codes visuels détournés ou peu habituels dans votre secteur d’activité, un peu d’impertinence et d’audace dans votre plateforme de marque… Laissez parler votre créativité !
L’ère de l’uniformité bat son plein, encouragée par les algorithmes. Mais il ne tient qu’aux marketeux et aux entrepreneurs de choisir une voie alternative et de développer des stratégies plus originales pour se démarquer !
🥄 #75 - Du média-newsletter à la communauté : le cas Spoune
Si vous suivez le podcast depuis quelques temps, vous m’avez sûrement déjà entendu parler de Spoune, le média dédié à l’argent qui est devenu une communauté vibrante en à peine un an et dont je suis une fan absolue ! Dans cet épisode de The Storyline, j’ai eu le plaisir de recevoir Saskia Fiszel, cofondatrice de Virgil, la startup qui veut révolutionner l’investissement immobilier, à l’origine de l’initiative Spoune. On décortique ensemble les leviers de la création d’une marque média et l’acquisition de plus de 55 000 lecteurs en moins de deux ans !
💎 #76 - Libérer la puissance des communautés, avec Alexandre Louapre
Cet épisode du podcast The Storyline est un peu spécial : j’y reçois Alexandre Louapre, expert et vétéran du sujet des communautés. Mais Alexandre est également mon associé, avec qui j’ai co-fondé Komuno, la première école du Community Building en France. Ensemble, on discute du nouveau métier de Community Builder, de l’impact des communautés sur le business modèle des marques et de leur importance dans les stratégies marketing d’aujourd’hui et de demain.
🗞 #77 - Éduquer les nouvelles générations à l’information
Dans le dernier épisode de The Storyline, j’ai abordé un sujet qui me passionne : celui de l’information, et de son avenir plutôt mouvementé ! J’ai eu le plaisir d’échanger sur le sujet avec Bertrand Giffon, fondateur de Be My Media, une application mobile spécialisée dans l’information et l’éducation aux médias. Avec Bertrand, on a fait un tour de la relation ambiguë que nous avons tous avec l’information. Ensemble, nous avons discuté de l’importance de développer son sens critique et d’exercer son libre arbitre dans un monde semée d'embûches comme les deep fakes et les campagnes de désinformation…
Alors, ça vous a plu ?
🌟 Génial • 👍 Bien • 😕 Bof • 🙈 Nuuuul
Si vous avez aimé cette édition et que vous kiffez The Storyline, ce serait un énorme coup de pouce de la partager ou même - soyons fous - d’aller donner 5 étoiles et un commentaire au podcast sur Apple 👉 par ici 👈.
D’ici-là, je vous donne rdv dans un mois pour la prochaine édition !