Économie de l’attention : la tueuse de créativité
Comment se faire une place dans un monde saturé d'info ?
🎧 Stardust - Pour se mettre de bonne humeur parce que c’est bientôt les vacances 🎄
Hello tout le monde,
Au programme cette semaine : un cadeau, des articles wtf et une réflexion sur le futur du contenu dans un monde où il y a déjà beaucoup trop de choses…
Bonne lecture !
Noémie
L’outil de la semaine
Aujourd’hui, c’est Noël avant l’heure - je vous présente… roulement de tambour…
👉 👉 La Content Toolbox, 2e génération ! 👈 👈
La première édition ayant beaucoup plu, j’ai regroupé encore plus d’outils utiles pour gérer, produire et promouvoir son contenu. La toolbox est structurée en 4 grandes étapes : s’inspirer, s’organiser, produire et partager. Chaque outil est catégorisé en fonction de son utilité et de son prix.
La Toolbox est collaborative : si vous avez envie de contribuer et d’y ajouter un outil, ou tout simplement me dire ce que vous en pensez, il vous suffit de remplir le formulaire en bas de page !
Brain Food
1. Signaux faibles
Chine 1 - 0 Livestream Marketing - En 2020, 265 million d’internautes chinois ont acheté des produits par le biais de lives - une pratique qui consiste à acheter en direct des produits présentés par un influenceur (une sorte de Téléshopping 2.0, somme toute !). Une aubaine pour les marques, qui ont misé gros sur cette tendance. Pas de bol, le gouvernement chinois a décidé de s’en mêler et de réguler le livestream shopping - un coup dur pour les créateurs de contenu et les plateformes
Une maison d’influenceurs TikTok entre en bourse. Cette enquête du New York Times décrypte les montages (un poil douteux) d’une société propose d’investir dans des maisons d’influenceurs à Beverly Hills.
2. Le coin détente
“A piece about the weird world of LinkedIn — from celebrity workfluencers to the strange social features that feel out of place.” Cet article écrit par Fadeke Adegbuyi, invitée de la newsletter Divinations, dépeint avec humour toutes les fonctionnalités étranges du réseau social “professionnel”. À lire absolument !
Et si vous deviez décrire 2020 en une poignée de GIFs ? C’est ce qu’a décidé de faire GIPHY, en publiant le top 25 des GIFs les plus vus cette année, histoire de détendre un peu l’atmosphère. De mon côté, mention pour le #18. Vivement l’an prochain !
Il y a eu débat sur le nouveau format que je vous ai proposé dans la précédente newsletter ! Certains d’entre vous apprécient la taille réduite, d’autres n’aiment pas devoir cliquer et sortir de l’email. Je vous propose donc de tester un compromis : les idées principales de l’article dans la newsletter, et l’article complet sur le site de The Storyline.
Pour voter pour la formule que vous préférez c’est par ici 👉 Dites moi tout
Comment l’économie de l’attention détruit notre créativité
Knowledge is power
Aujourd’hui, il y a trop de tout : trop de livres à lire, trop de films et séries à regarder, trop de gens et de lieux à découvrir… et pas assez de temps pour tout faire.
Avec l’arrivée du World Wide Web, nous sommes entrés dans une nouvelle ère pour la connaissance humaine. Le savoir s’est digitalisé et l’économie de la connaissance a fleuri, accélérée par les NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication).
Mais très vite, les logiques de marché font changer la donne à nouveau ! Car l’abondance de l’information a dévalué cette dernière
“L'information, autrefois rare et prisée comme du caviar, est désormais abondante et considérée comme aussi banale que des pommes de terre.”
Une catastrophe pour la productivité
L’information étant désormais abondante, selon les lois de marché, la valeur se replace donc sur les ressources rares. Et petit à petit, l’attention de chacun devient l’objectif numéro 1 de conquête des entreprises.
Le problème, c’est que cette ressource est finie, et sa sur-exploitation a des conséquences désastreuses à tous les niveaux :
Les interruptions (téléphone qui sonne, emails, notifications) font baisser le QI de 10 points
Les knowledge workers dédient en moyenne 20 heures par semaine à gérer leurs emails. L’infobésité coûte à l'économie américaine 900 milliards de dollars au début des années 2000 (Harvard Business Review)
Le problème est accentué par les plateformes digitales qui ont construit leur modèle économique autour de cette ressource : bienvenue dans l’économie de l’attention.
La créativité menacée par les plateformes
L’attention vaut cher : et les applications ont mis en place des stratagèmes pour rendre leurs utilisateurs ‘accro’ et les inciter à passer le plus de temps possible sur leurs interfaces.
Le Growth Hacking a d’ailleurs transformé en cas d’usage la création de hooks, ou “boucles” de croissance. L’objectif de la boucle étant de créer des déclencheurs encourageant l’utilisateur à effectuer une première action pour laquelle il est instantanément récompensé, puis à mettre en place un ensemble de mécanismes qui maximisent son engagement et la récurrence de son usage.
Une fois l’utilisateur accro, il est à la merci des marques qui cherchent à attirer son attention sur les plateformes et les apps qu’il fréquente. Et le nerf de la guerre dans cette lutte pour l’attention, c’est de produire du contenu nouveau en permanence. Un comportement qui accentue la surcharge informationnnelle
Et quand cette démarche est réalisée sans aucune réflexion éthique, sans penser au confort mental de chaque utilisateur, on se retrouve avec des contenus de mauvaise qualité, qui n’apportent rien à personne et qui viennent juste polluer.
L’exacerbation ultime de ce comportement étant le bête copier/coller ou les tendances qui passent de temps en temps sur les réseaux sociaux, comme celle du “tape deux fois” sur Linkedin (vous l’avez forcément vue passer !)
ou les copier/coller de posts insipides : “URGENT ! Quiconque ayant été en contact avec moi au cours des 15 derniers jours devrait rapidement consulter un médecin. Ce qui m'arrive peut vous arriver aussi... On a diagnostiqué que j'étais : optimiste, sympathique, souriant, joyeux et que c'est extrêmement contagieux... 🤧”
ou encore les challenges comme le ‘cereal challenge’ de TikTok, qui transforme les bouches des gens en bols de céréales remplis de lait. Mention spéciale pour cette tendance à la fois débile ET dangereuse
Et ces contenus n’ont aucune valeur, mais ils génèrent de l’engagement. Et l’engagement, les algorithmes le valorisent. Si bien qu’au final, les contenus mis en avant ne sont pas forcément (rarement) les plus intelligents et pertinents
Ce qui amène une conséquence désastreuse : le cloisonnement des opinions et des visions du monde, aka les echo chambers et les filter bubbles
Echo chambers & filter bubbles
Plus on consomme certains types de contenus, plus les algorithmes adaptent le contenu qui nous est proposé. Et petit à petit, on s’enferme dans un bulle très limitée d’informations et de compréhension du monde.
Démonstration : en période de pandémie, les vidéos de chats me détendent (ne me jugez pas). J’ai donc réalisé un exercice : pendant 2 jours, j’ai uniquement cliqué sur les vidéos qui mettaient en scène des animaux sur Instagram. Voici la tête de mon feed après cette expérience : DES CHATONS À PERTE DE VUE. Plus de politique, plus d’opinions, … que du putaclic
Cette vidéo explique très bien le phénomène
Comment lutter contre l’infomation overload et les dérives de l’économie de l’information ?
Question complexe qui n’a aujourd’hui pas de solution complète, mais des pistes à explorer
Première solution : la curation et l’intelligence artificielle. Des startups sont déjà sur le créneau, avec des offres variées :
Feedly (dont le slogan est d’ailleurs ‘Goodbye information overload’), propose un aggrégateur de flux spécialisé sur les thématiques qui intéressent ses utilisateurs
Flint, une intelligence artificielle créée par un journaliste et un expert en IA & données (made in France 🇫🇷), propose une revue de presse sous forme de newslettte, adaptée aux préférences individuelles de chacun de ses utilisateurs.
Roam Research, qui a récemment atteint une valorisation de $200 millions pour sa levée de fonds en seed, propose à ses utilisateurs de créer une pensée en réseau collective.
Deuxième solution : les communautés. S’appuyer sur des créateurs et curateurs pour faire le tri entre ce qui est pertinent et ce qui ne l’est pas. C’est une des promesses des auteurs du Everything bundle sur Substack. Des écrivains qui traitent de sujets d’actualité, de productivité et de stratégie, pour pré-mâcher le travail à leurs lecteurs.
Note : bien sûr, il y a aussi du bon dans tout ça - l’accès facilité à la connaissance et donc aux opportunités d’éducation, l’enrichissement du savoir collectif, la liberté d’expression… Mais il est important dans les années à venir de réfléchir à cadrer les pratiques des plateformes et la manière dont l’information est consommée par chacun 🤔 Et vous, vous en pensez quoi de tout ça ? Je serais ultra curieuse de connaître vos points de vue et vos expériences personnelles, répondez-moi directement sur cet email ou dans le formulaire ! 🤗
Si vous voulez creuser le sujet, j’ai eu le plaisir d’interviewer Arthur de Villemandy, créateur de Magma, une newsletter qui joue à la fois le rôle d’outil de curation intelligent et de communauté. Pour écouter l’épisode, c’est juste en-dessous ! 👇
Inspirer les créateurs dans un monde saturé d’infos, avec Arthur de Villemandy, Fondateur @ Planet & Magma
Arthur a lancé sa newsletter Planet il il y a 3 ans, avec un constat simple. L’information tech et business destinée aux 25 – 40 ans est perdue entre des médias traditionnels peu séduisants, peu modernes, et des digital natives nés avec l’avènement des startups, mais qui se concentrent principalement sur du relais d’informations comme les levées de fonds, ou des sujets assez ‘standardisés’.
Ayant envie de mettre en valeur des sujets dont on entend peu parler, sans langue de bois, Arthur crée Planet. Peu après naît Magma, la petite soeur payante de Planet, qui a aujourd’hui dépassé les 700 abonnés. Les raisons d’un tel succès ? Arthur et son équipe offrent à leur lectorat des clés de lecture innovantes sur le monde d’aujourd’hui – et celui de demain. On discute de son approche et de ses conseils pour éviter l’overdose informationnelle. Bonne écoute ;)
Alors, ça vous a plu ?
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D’ici-là, je vous donne rdv dans deux semaines pour la prochaine édition !