Ère des cycles courts : le tempo effréné de la modernité ➿➿➿
Quel futur pour la culture et le temps long dans une société qui change en continu ?
🎧 Fly Away - Lenny Kravitz - mood en ces temps gris et froids 🧊🧊
Bonjour tout le monde,
J’espère que cette newsletter vous trouvera en pleine forme malgré les cas de rhume, grippe et Covid en tous genres qui s’acharnent depuis quelques semaines 😱
De mon côté, je continue de promouvoir le livre à l’occasion d’événements, notamment La Cordée le 12 octobre dernier !
Pour ce qui est du livre Le Pouvoir des Communautés (qui est sorti il y a déjà plus d’un mois, le temps passe à une vitesse folle), vous êtes nombreux.ses à m’écrire pour me partager vos réflexions et vos apprentissages suite à sa lecture, alors merci 💙
👉 Si vous ne l’avez pas encore acheté, vous pouvez le faire juste ici !
👉👉👉👉 Et si vous l’avez lu, ce serait incroyable de me laisser une petite note et un commentaire pour lui donner un peu de visibilité 🙏
Mis à part le livre, l’aventure Komuno continue et nos activités de conseil en content marketing et en communautés se développe - en ce moment, je travaille notamment avec Captain Cause et Bpifrance sur ces enjeux respectifs, et c’est un vrai bonheur !
Ce mois-ci, dans l’article, j’avais envie de discuter de notre rapport au temps - je me suis beaucoup posé la question ces derniers mois du rythme de consommation et de travail que j’avais envie d’adopter, et cette édition de la newsletter est une tentative de commencer à y répondre - j’espère que la réflexion vous parlera !
Bonne lecture,
Noémie
Brain food 🧠
Des signaux faibles (ou forts) révélant les liens complexes entre marques, individus et nouvelles technologies - et l’impact sur nos jobs et nos modes de vie.
L’ère des marques ouvertes l’Université de Berkeley introduit dans cet article passionant une thèse puissante : aujourd’hui, sous l’impulsion de la transformation digitale et l’émergence de nouveaux modèles économiques, une nouvelle génération de marques dites “open-source” (co-construites avec leurs parties prenantes) émerge. Plongée dans le marketing du futur !
Meta frappe fort 🤜 Dans un nouvel épisode de la lutte entre Meta et l’UE, TechCrunch révèle que le géant de la tech semble envisager la mise en place d’un système qui contraindrait ses utilisateurs européens à payer pour préserver leur vie privée... Ou bien accepter l’usage de leurs données.
Exit les funnels, bonjour les flywheels 🎡 Vous connaissez le concept de creator flywheel ? Cet article explique comment passer d’un entonnoir de vente à une “roue” auto-alimentée en capitalisant sur son audience. Intriguant et quelques bonnes idées à prendre !
Faites péter les KPIs 📊 Une réflexion intéressante sur les manières de mesurer la performance du marketing dans un monde où l’attribution directe à un canal ou une campagne devient de plus en plus difficile…
La patience est mère de toutes les vertus ⏰ Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’équipe de Médiarama, qui a partagé un retour d’expérience sur la vraie raison du succès d’un podcast : sa longévité. PS : pas peu fière que The Storyline approche à toute vitesse des 80 épisodes !
Les marques les plus stylées de l’année 2022 sont… 😎 Sans grande surprise : Jacquemus, Diesel et Coperni. C’est en tout cas ce qu’affirme cet article qui liste les 10 marques les plus citées par les créateurs en 2022.
Sortie de route pour les NFTs 👾 Je vous en parle dans l’article de ce mois-ci, mais la maison de vente aux enchères Sotheby’s s’est récemment mangé un gros procès après avoir organisé une vente de NFTs (Bored Apes), accusée d’avoir manipulé la perception de leur valeur et l’opinion publique. Ouch
Pendant ce temps-là, du côté de chez X 🤳 un haut fonctionnaire de l'UE a déclaré le mois dernier que le réseau social X était la plus grande source de "fake news" en ligne - et a appelé Musk à faire les changements nécessaires pour se remettre en phase avec les exigences européennes.
LEGO se réinvente 🧸 La célèbre marque s’offre une cure de jouvence en lançant une nouvelle signature de marque, une gamme exclusive et des briques en braille. Rencontre avec le magazine e-marketing.
Bye byeeee Insta 👋 Le mois dernier, Charlotte Richard, co-fondatrice de Voxe, le média-école dédié aux femmes, a expliqué sur LinkedIn son choix d’arrêter le compte Instagram de Voxe. Humble et instructif !
Cool
kidsbrands ✨ RTBF explore dans cet article la manière dont certaines marques (Burger King, Netflix, etc) surfent sur la culture internet pour devenir des marques culte.Le prix fort pour un booty 🍑 Une influenceuse qui pensait se faire injecter de l’acide hyaluronique pour se faire gonfler le derrière s’est retrouvée avec de l’huile de moteur dans le fessier, un rein en moins et des complications de santé. L’injecteur est en fuite au Brésil 😰
Pause café ☕
Des informations random pour se marrer, se détendre ou s’inspirer
Tout plaquer et devenir Shrek 🟢 Après la maison Barbie à Malibu, AirBnb a mis en location sur sa plateforme la célèbre cabanne de Shrek. Un coup de pub brillant (et qui donne - un peu - envie ?) !
Invasion de ratons alcooliques 🦝 Dans la série des signes de fin de civilisation, je vous annonce que les ratons laveurs en Allemagne ont développé une addiction à la bière, qui, selon ce média, semble les encourager à pénétrer dans les maisons et à se battre avec les animaux de compagnie. Le début de la fin ?
En parlant de bière, justement 🍺 Selon les scientifiques, le réchauffement climatique risque de faire grimper le prix et d’empirer le goût des bières européennes - bientôt, il n’y aura plus que les ratons laveurs pour en boire ?
Chics même en apesanteur 🧑🚀 La NASA frappe fort : les astronautes de sa mission Artemis III partiront pour la Lune dans des combinaisons spatiales designées par… Prada ! Le style avant la survie ? On espère que les combis seront quand même ergonomiques et bien isolées…
Après le crash 💥 Usbek et Rica a dédié un dossier cet été à enquêter sur ce que sont devenus certains dirigeants célèbres après leur chute - celui sur Marissa Mayer (ex CEO de Yahpoo!) est passionnant ! (et troublant…)
Thérapie gratuite 🤑 Marre de dépenser un PEL en reiki, psy, sorties & vacances ? Arrêtez tout : il paraîtrait selon une étude récente que pour être plus heureux, il suffirait de dire bonjour à ses voisins. On reste sceptique 🤔
Ère des cycles courts : quand tout s’accélère autour de nous
Cet été, la prestigieuse maison de vente aux enchères Sotheby's s’est retrouvée plongée dans la tourmente, accusée par des investisseurs anonymes d’avoir donné un “air de légitimité” aux fameux NFTs dits “Bored Apes” - ces portraits de singes apathiques qui avaient suscité les passions et généré un buzz monumental lors de leur lancement en plein boom des NFT, en 2021.
À l’époque, le prix de vente de certains éléments de la collection était monté jusqu’à 3,4 millions de dollars ! Des stars diverses se les arrachaient, de Justin Bieber à Snoop Dogg en passant par Paris-Hilton, Neymar Jr. et Steve Aoki.
Ce n’était donc qu’une question de temps avant qu’un acteur reconnu dans le milieu de l’art se positionne sur le sujet. Sotheby’s a été la première maison de son acabit à s’emparer de la hype, organisant en Septembre 2021 la vente de 101 Bored Apes, pour un montant total de 24,4 millions de dollars.
Il a finalement peu de temps pour que le soufflé retombe - en plusieurs étapes. En 2022, les scandales, scams, le contexte économique et les crash divers (notamment celui de la blockchain Terra) avaient commencé à faire chuter la valeur des échanges de NFTs. Aujourd’hui, force est de constater que des séries comme les Bored Apes sont passés d'un symbole statutaire prisé à un rappel plutôt déprimant que le Web3 n’est plus vraiment cool. Et ce, en à peine moins de deux 2 ans.
Mais l'action en justice pour tromperie déposée auprès du tribunal de district des États-Unis pour le district central de Californie contre Sotheby’s est bien plus qu’une énième revendication d’investisseurs mécontents. C’est une illustration parfaite de l’état actuel de notre culture et de notre société, qui repose de plus en plus sur des tendances éphémères et la consommation en cycles (très) courts.
Exit les cycles d’innovation et les tendances intergénérationnelles, aujourd’hui les nouvelles modes émergent et disparaissent en quelques mois, voire en quelques semaines.
Et le plus intéressant, c’est qu’à force de vouloir maintenir le rythme et rester à la pointe des tendances, les entreprises ont fait de leurs stratégies marketing le terreau d’une culture de l'éphémère, où ce qui était populaire hier est obsolète aujourd'hui (oui, je suis d’humeur poète dramatique en ce moment).
Les marques, ces accélérateurs de tendances
Où que l’on porte son regard aujourd’hui, des produits et des idées naissent, brillent un court moment, puis sont happés par l'incessant flux de nouveautés.
Mode, technologie, musique… De nombreuses industries se retrouvent désormais prisonnières d’un système qu’elles ont créé et qui leur demande de se renouveler en permanence. Ce qui se fait d’ailleurs en général au détriment de leur créativité : créer une marque iconique ou culte, ça prend du temps. Pressées par la pression de la nouveauté, les marques n’ont plus réellement le temps ni l’espace créatif pour créer quelque chose de réellement nouveau et original.
Je pense bien évidemment en premier lieu à l’univers de la fast fashion, dont les chiffres sont affolants. Chez Zara, les collections sont ainsi renouvelées chaque mois. Mais le reste de l’industrie semble s’y être mis aussi : d’après Les Echos, la moitié des marques de luxe ont 4 collections par an, mais une partie des produits est renouvelée dans les magasins, tous les mois pour 20 % d'entre elles. Et pour 12 %, au minimum 8 fois par an. Ce renouvellement prend souvent la forme de collections capsules ou de collaborations avec des personnalités, allant des Crocs Barbie aux sneakers Adidas pensées par Léna Situations.
Du côté de la tech, ce n’est pas beaucoup mieux : les cycles de développement des iPhones nouvelle génération sont de plus en plus courts… Tout comme leur durée de vie (bonjour les téléphones qui se déchargent en 10min). Début 2019, c’étaient 60 nouveaux modèles de smartphones qui étaient introduits sur le marché ! 🤯
Et dans l'industrie musicale, c’est carrément le chaos absolu. Les plateformes de streaming comme Spotify et Apple Music ont certes révolutionné la manière dont nous consommons la musique, offrant à leurs utilisateurs l’accès à des bibliothèques musicales virtuellement infinies. Cependant, cette abondance est aussi synonyme d’un nouveau défi pour les artistes. Avec des millions de chansons disponibles d'un simple clic, la compétition pour capter l'attention (et l’oreille) des auditeurs est devenue féroce. Résultat : ils doivent produire un flux ininterrompu de nouvelles chansons pour rester visibles et pertinents.
S’il fallait s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder Taylor Swift : depuis 2007, la pop star ultime produit entre 2 et 5 chansons, chaque année, sans discontinuer. Un rythme incroyable, qui reflète bien la nécessité pour les articles de se renouveler en permanence…
Et bien sûr, dans les usages, tout tend désormais à “faire gagner du temps”, “être plus productif”, “aller plus vite” - quelques exemples :
Afficher le délai d’arrivée d’un VTC jusqu’à soi dans les apps comme Uber ;
Proposer l’écoute des messages ou le visionnage de vidéos en accéléré dans les apps comme WhatsApp, YouTube, Netflix ;
Faire ses courses en ligne et les récupérer en Drive ;
Apprendre le speed reading pour lire 10 livres en une semaine - ou acheter des résumés pré-écrits d’oeuvres ;
…
🏃♀️ Bon - vous l’avez compris, la modernité et synonyme de rapidité.
Et ce qui est dramatique, c’est qu’avec tout ça, les moyens remplacent doucement (mais sûrement) la finalité. Où est passé le plaisir de flâner dans un marché et faire ses courses en fonction de son inspiration du moment ? Celui de prendre le temps de lire un livre sans objectif productiviste ? De regarder un film et de réellement s’immerger dans son univers ? D’aller d’un point A à un point B sans connaître exactement son horaire d’arrivée ?
Plus important encore - les marques, au-delà d’accélérer notre rythme de consommation (et de se retrouver au passage prisonnières d’impératifs du production), ont contribué à faire naître des comportements et des normes toujours plus ubuesques :
Des vêtements tâchés et des objets abîmés que l’on jette pour en racheter une version neuve, plutôt que de les réparer ;
Un rapport malsain à l’information, oscillant entre sur-consommation de contenu sur les réseaux et rejet total de ce dernier ;
Des amitiés et des romances jetables, impatientes, transactionnelles ;
Une recherche permanente de gratification instantanée et plutôt superficielle ;
…
Sortir du cycle sans fin de l’accélération : repenser nos habitudes de consommation et promouvoir la durabilité
Les conséquences de nos modes de consommation en accéléré sont bien plus profonds que les quelques exemples cités précédemment.
Paradoxalement, à force de chercher à nous simplifier la vie, nous avons conçu des systèmes qui en appauvrissent la qualité : santé mentale des jeunes en berne, industrie du bien-être en PLS, quête de sens au travail…
Heureusement, certaines voix commencent à se faire entendre, qui dénoncent ces aberrations et tentent de chercher des solutions.
Dores et déjà, des entreprises ont repensé leur positionnement et leur approche, encourageant leur clientèle à remettre en question le système en place. Voici quelques exemples de pistes que nous pouvons explorer en tant que consommateurs, pour inciter les entreprises à aller vers des
Privilégier la consommation responsable : promouvoir des achats réfléchis, en privilégiant des produits durables et de qualité plutôt que d'opter pour une surconsommation de biens jetables.
👌 Le use case : aller acheter un TShirt chez Loom, qui durera longtemps, plutôt que d’en acheter 5 chez H&M.S’inscrire dans l’économie circulaire : Encourager la réutilisation, le recyclage et la réparation des produits pour prolonger leur durée de vie et réduire les déchets.
👌 Le use case : se renseigner sur l’existence de ressourceries, recycleries et lieux solidaires autour de chez soi.Soutenir des marques durables et des acteurs engagés : Favoriser les entreprises engagées dans des pratiques durables, telles que la réduction de leur empreinte carbone, l'utilisation de matériaux recyclés et l'adoption de stratégies zéro déchet.
👌 Le use case : et si vous utilisiez des applications comme Moralscore pour vérifier si les marques que vous consommez respectent vos valeurs ? Et si vous suiviez / rejoigniez des associations comme HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) ou Lève les Yeux ?
En parlant de l’obsolescence programmée, d’ailleurs - il se passe aussi des trucs cool par chez nous : la France a ainsi été le premier pays au monde à interdire cette pratique en 2015. Aujourd’hui, elle peut être punie de 2 ans d'emprisonnement et 300 000 € d'amende et jusqu'à 5% du chiffre d'affaires annuel moyen de l’entreprise !
Bref - il y a encore un sacré boulot avant de réussir à ralentir.
Mais une nouvelle génération d’entreprises est sur le dossier.
Comme le résume Julia Faure, la cofondatrice de la marque engagée Loom, citée dans mon livre Le pouvoir des communautés :
« La réussite des entreprises n’est pas leur croissance. On a encore besoin des entreprises pour nous chauffer, nous nourrir, nous habiller. Mais aussi pour rendre nos téléphones plus réparables, pour rendre nos voitures plus légères afin qu’elles consomment moins d’énergie. On a besoin d’un écosystème de petites et moyennes entreprises utiles, pas d’un monde dominé par quatre grosses boîtes qui n’ont qu’une idée en tête : doubler la concurrence. Parce qu’une forêt qui résiste, c’est pas trois gros arbres avec des troncs de quatre kilomètres de diamètre qui auraient absorbé tous les autres. Une forêt résiliente, ce sont des milliers d’arbres de tailles et d’espèces différentes. Et si vous regardez autour de vous, des entreprises utiles qui ne recherchent pas la croissance à tout prix, il y en a plein. »
Sommes-nous réellement en train de nous distancier de l’injonction à la rapidité et à la consommation sans fin ? De nombreuses initiatives naissantes semblent soutenir cette idée, comme (pour n’en citer qu’une) Les Pépites Vertes, cette asso qui soutient les jeunes talents qui souhaitent développer des compétences ou trouver un métier dans la transition écologique.
Et puis, bonne nouvelle : de nombreux collectifs engagés, associations, mouvements citoyens & autres sont là pour s’assurer que les actions de ces entreprises soient réellement vertueuses !
Ralentir serait-il devenu cool ? Le futur s’annoncerait presque réjouissant, dis donc 😎
💅 #78 - Anatomie d’un rebranding de marque complet
J’ai récemment rencontré Olivia Lacoste, Head of Creative Strategy chez Blank l’application tout en un des indépendants. Après des expériences en production télé et en agence de pub, Olivia a rejoint Blank dans un poste qui lui permettait d’allier ces deux mondes. Elle a notamment mené un projet de rebranding de A à Z et m’a partagé sa vision (très enthousiasmante) du futur du marketing !
🎙️ #79 - Se faire une place sur le marché du podcast
Dans le dernier épisode de The Storyline, on part à la rencontre de Katia Sanerot, Directrice Générale de Louie Media, le troisième studio de podcast narratif le plus écouté en France. Nous avons décrypté ensemble l’univers du podcast, ses contours, ses opportunités, mais aussi son futur. Katia m’a aussi partagé ses conseils pour se lancer dans les podcasts, se démarquer sur un marché de plus en plus concurrentiel et adopter le bon modèle économique.
Bonne écoute !
Alors, ça vous a plu ?
🌟 Génial • 👍 Bien • 😕 Bof • 🙈 Nuuuul
Si vous avez aimé cette édition et que vous kiffez The Storyline, ce serait un énorme coup de pouce de la partager ou même - soyons fous - d’aller donner 5 étoiles et un commentaire au podcast sur Apple 👉 par ici 👈.
D’ici-là, je vous donne rdv dans un mois pour la prochaine édition