đ Un anneau pour les gouverner tous : data ou diktat ?
Comment se détacher de l'obsession de la quantification, et renouer avec la sérendipité ?
đ§ Justice - Neverender - Justice is baaaack âš
Hello tout le monde !
JâespĂšre que cette Ă©dition de la news vous trouvera en pleine forme. Je vous lâenvoie entre deux gelato depuis Rome, oĂč je passe quelques jours de vacances. Câest la premiĂšre fois que je me dĂ©place aussi loin en train (Marseille - Rome) et ça donne trĂšs envie de continuer Ă explorer les confins de lâEurope ! Si vous ĂȘtes curieux.ses des destinations possibles, nâhĂ©sitez pas Ă faire un tour sur Mollow qui regorge dâidĂ©es, ou sur le site des copains de NightGoes. Prochain objectif de mon cĂŽtĂ© : aller jusquâĂ Istanbul ou aux Lofoten (2 salles 2 ambiances hĂ©hĂ©) đ Si vous avez des conseils Ă partager, je suis preneuse !
Mais revenons Ă nos moutons đ
Si vous suivez la newsletter et le podcast depuis 2022 (coeur sur vous), vous savez que jâai traversĂ© une pĂ©riode compliquĂ©e niveau santĂ© Ă cette Ă©poque. Depuis, tous les 6 mois, je me plie Ă un nouveau rituel : celui des contrĂŽles mĂ©dicaux. Une vĂ©ritable valse dâanalyses, Ă grands coups de mesure des taux de globules, de la concentration de protĂ©ines dans le sang, etc etc⊠Deux fois par an, jâai lâimpression de me transformer en recueil de donnĂ©es ambulant. Mais surtout, jâattends avec angoisse les rĂ©sultats, je dĂ©cortique les pourcentages, je compare les Ă©volutions des taux - la data devient toute puissante, câest elle qui dĂ©cide si je vais âbienâ ou âmalâ. Cette situation mâa amenĂ©e Ă me questionner sur notre rapport aux chiffres - et notre obsession pour la quantification de tous les aspects de notre vie : sport, santĂ©, relations, âŠ
Câest le sujet que jâai eu envie dâaborder dans cette Ă©dition de la newsletter - comment la donnĂ©e, initialement utilisĂ©e au service du progrĂšs, peut aussi finir par devenir un mĂ©canisme de contrĂŽle dangereux et limitant. Et comment sortir de cette situation ! đ
Bonne lecture,
Noémie
Intelligence Marketing Day : on se voit Ă Rennes ?
Avant de vous partager la veille du mois, une petite annonce : jâaurai le plaisir dâanimer une masterclass Ă lâoccasion de lâIntelligence Marketing Day Ă Rennes, le 18 juin, sur les clĂ©s fondamentales pour crĂ©er votre propre communautĂ© et la mettre au service de vos enjeux business.
Si vous ĂȘtes dans le coin, faites-moi signe ! Et si vous souhaitez vous inscrire, ça se passe par ici.
Brain food đ§
Des signaux faibles (ou forts) rĂ©vĂ©lant les liens complexes entre marques, individus et nouvelles technologies - et lâimpact sur nos jobs et nos modes de vie.
đ Attention, burger volant. Dans la famille âles marques qui nâont pas encore intĂ©grĂ© les enjeux de sobriĂ©tĂ© et de dĂ©croissanceâ, je demande Wendyâs. La cĂ©lĂšbre chaĂźne de fast food a lancĂ© un programme de test de livraison de burgers via drone, en moins de 30min. Signe de progrĂšs ou de fin de civilisation ?
đ” Les implants cĂ©rĂ©braux, bientĂŽt mainstream ? Pendant ce temps-lĂ , sur la planĂšte Musk, les plans de conquĂȘte du monde avancent Ă toute vitesse. Neuralink, une startup d'Elon Musk, a rĂ©vĂ©lĂ© qu'elle avait implantĂ© son premier produit sur un patient humain, grĂące Ă une vidĂ©o diffusĂ©e en direct sur X et montrant le patient en train de jouer aux Ă©checs par le biais d'un implant cĂ©rĂ©bral. Flippant.
đŠ Loro Piana vs les lamas. La maison de luxe est sous le feu des critiques aprĂšs une (incroyable) enquĂȘte de Bloomberg sur lâexploitation dâune communautĂ© indigĂšne des Andes pĂ©ruviennes pour produire un pull en vigogne (une sorte de lama). Lâextrait qui fĂąche : « Loro Piana vend un pull en vigogne pour environ $9000. La communautĂ© indigĂšne de Lucanas de Barrientos, dont le seul client est Loro Piana, reçoit environ $280 pour une quantitĂ© Ă©quivalente de fibres. »
đ Balenciaga vs les babouches. Dans la lignĂ©e des marques de luxe qui se prennent la marĂ©e mĂ©diatique, je vous prĂ©sente lâĂ©pisode : âBalenciaga retire des babouches d'inspiration marocaine de son site, aprĂšs avoir Ă©tĂ© accusĂ©e dâappropriation culturelle.â
đ Kiss or kill. En Colombie, les vols et meurtres organisĂ©s par le biais des apps de dating sont en croissance exponentielle. Ă tel point que la sociĂ©tĂ©-mĂšre de Tinder a commencĂ© Ă collaborer avec les autoritĂ©s locales pour enrayer le phĂ©nomĂšne.
âïž Un CEO complĂštement hors sol. Câest le cas de le dire : le PDG de Ryanair, dont le salaire est de 109 millions de dollars, a affirmĂ© que ce dernier Ă©tait une âtrĂšs bonne affaireâ pour ses actionnaires. Ăa a le mĂ©rite dâĂȘtre clair.
đ Pas vu, pas pris. Ah, si ! Tumblr et WordPress auraient vendu des donnĂ©es de leurs utilisateurs dans le cadre d'un accord avec Midjourney et OpenAI, pour former les algos, dans la plus grande discretion. Pas de bol, 404 Media a dĂ©noncĂ© lâentourloupe aprĂšs avoir accĂ©dĂ© Ă des documents confidentiels. Oups.
đ Vent de folie chez les YouTubeurs. Faire de la Formule 4, grimper le Kilimandjaro ou lâEverest,⊠Les YouTubeurs populaires se lancent des dĂ©fis de plus en plus
consambitieux et extrĂȘmes. Pourquoi ? Usbek et Rica pose la question et enquĂȘte.đ PayĂ©s Ă rien faire ? Lâindustrie du conseil est en PLS. Câest du moins ce que semble dĂ©montrer le dernier move de McKinsey, qui paierait ses employĂ©s pour quâils aillent chercher du travail ailleurs !
đ€ Amazon prĂ©fĂšre les robots. Pendant ce temps-lĂ , Amazon ne sâest pas embarrassĂ©e de payer ses salariĂ©s humains et a plutĂŽt misĂ© sur les IA : le second employeur privĂ© mondial sâest dotĂ© de 750 000 robots, tout en remplaçant plus de 100 000 humains.
Pause cafĂ© â
Des informations random pour se marrer, se dĂ©tendre ou sâinspirer
đ La sauce âBarbiecueâ dĂ©barque. Comme si ça ne suffisait pas de nous avoir brĂ»lĂ© la rĂ©tine Ă grands coups de rose fuschia partout, Mattel sâest associĂ© Ă Heinz pour produire une aberration Ă grande Ă©chelle : une sauce âBarbiecueâ rose flash (et certainement pleine de booooons conservateurs et additifs). Qui teste ?
đ©âđ€ OpĂ©ra pour coraux. Une petite pointe dâespoir : selon des chercheurs, diffuser sous lâeau des sons produits par des coraux sains pourraient redonner vie Ă des rĂ©cifs plus endommagĂ©s et dĂ©gradĂ©s.
đ§Œ Le Gloubi-Boulga de Boeing. Pour celles.eux qui avaient besoin dâun argument pour arrĂȘter de prendre lâavion : un audit de la FAA a dĂ©couvert que du savon Ă vaisselle et des cartes de clĂ©s d'hĂŽtel ont Ă©tĂ© utilisĂ©s sur des piĂšces d'avions Boeing. Pas trĂšs rassurantâŠ
đ”ïžââïž Narcos 0 <> 1 Google Reviews. Un des narcotrafiquants les plus recherchĂ©s au monde a Ă©tĂ© suivi plusieurs annĂ©es par les autoritĂ©s, Ă travers les traces quâils laissait dans Google Reviews. Une source dâinformations prĂ©cieuses sur ses mouvements et ses allĂ©es et venues.
đ Le royaume des insectes. Vous nâĂȘtes pas fan des insectes ? Cette info ne va pas vous plaire. Apparemment, il y en aurait 10 quintillions sur Terre, soit 200 millions par humain. Une nouvelle technologie permettrait de mieux les Ă©tudier.
Un anneau pour les gouverner tous
Il y a 7 ans, Ă lâoccasion de ma visite chez un ami, jâai remarquĂ© que ce dernier arborait au majeur droit un anneau noir, plutĂŽt large, dâapparence mate. Connaissant son dĂ©samour des bijoux, je me souviens lui avoir demandĂ© ce qui l'avait poussĂ© Ă en porter un - trĂšs peu discret de surcroit.
« Aha, mais non, ce nâest pas un bijou ! Câest un Oura ! »
Voyant que je nâĂ©tais pas beaucoup plus avancĂ©e par sa rĂ©ponse, ledit ami sâest lancĂ© dans un pitch enflammĂ© pour mâexpliquer ma mĂ©prise :
« Je le porte depuis un an. Câest un anneau connectĂ© qui mesure mes indicateurs de vitalitĂ©, comme le rythme cardiaque, le taux dâoxygĂ©nation de mon sang et mes cycles de sommeil. Je lâadore, il a changĂ© ma vie. » Et, ajoutant le geste Ă la parole, il retire la bague (pardon, lâOura) de son doigt, rĂ©vĂ©lant sur lâintĂ©rieur de lâobjet des petits voyants de couleurs qui clignotent, et des composants qui rappellent lâintĂ©rieur dâun circuit intĂ©grĂ©.
Je suis restĂ©e complĂštement scotchĂ©e. Aujourdâhui, les objets connectĂ©s dans la santĂ© sont relativement mainstream et nos smartphones comptabilisent chacun de nos pas - mais au moment oĂč je dĂ©couvre cet Ă©trange anneau, nous sommes en 2017 et la folie de lâIoT (Internet of Things) nâa pas encore commencĂ©.
Et puis, Ă titre personnel, Ă lâĂ©poque, la santĂ© nâest pas une grosse prĂ©occupation dans mon quotidien : jâai la vingtaine, je me nourris de planches de fromage et de vin rouge et le sport est un concept lointain, auquel je mâadonne au mieux une fois par semaine chez Neoness (de quoi mettre la moi dâaujourdâhui, trentenaire et un poil plus healthy en PLS total).
Mais bref - sâensuit un long monologue dĂ©crivant dans le dĂ©tail le rythme cardiaque de mon ami, lâĂ©tat de son sommeil, graphiques et tableaux Ă lâappui sâaffichant dans son application, directement connectĂ©e en temps rĂ©el Ă lâanneau (via bluetooth, jâimagine).
Et pendant quâil me prĂ©sente fiĂšrement ses performances et dĂ©roule les donnĂ©es rĂ©pertoriĂ©es dans son app, je me dis que nous nous rapprochons dĂ©cidĂ©ment chaque jour un peu plus du 1984 dâOrwell. Et que la quantification de la performance, si importante dans la pratique du marketing, et plus globalement dans lâunivers pro, sâest dĂ©sormais fait une place de choix dans lâintimitĂ© des gens - pour le meilleur, mais aussi pour le pireâŠ
Sept ans plus tard, cette situation est toujours dâactualitĂ©. Elle me semble mĂȘme promettre de se renforcer dans les annĂ©es Ă venir !
Quantified everything : quand la donnĂ©e contrĂŽle lâhumain
Cela ne vous a certainement pas Ă©chappĂ© : notre sociĂ©tĂ© tient lâapproche scientifique en haute estime, depuis des siĂšcles maintenant. La science est, aprĂšs tout, perçue comme le renfort ultime face Ă lâobscurantisme. En France en particulier, elle est profondĂ©ment intĂ©grĂ©e au systĂšme - elle fait mĂȘme office de critĂšre de sĂ©lection ultime de nos âĂ©litesâ : les âbons Ă©lĂšvesâ sont systĂ©matiquement poussĂ©s vers la filiĂšre scientifique et les Ă©narques dirigent le pays, tandis que lâartisanat et les filiĂšres professionnelles sont globalement mĂ©prisĂ©s.
Et bien sĂ»r, les entreprises ne sont pas en reste : pour prendre des dĂ©cisions âĂ©clairĂ©esâ, justifier des levĂ©es de fonds aux montants toujours plus abracadabrants, il faut⊠de la donnĂ©e. Des chiffres. La possibilitĂ© de quantifier les choses rassure, guide, justifie. Elle est souvent le levier dĂ©cisionnel que nous utilisons dans nos carriĂšres.
Alors que pourtant, il est possible de faire dire tout et nâimporte quoi aux chiffres, sortis de leur contexte ! Mais peu importe : nous sommes une sociĂ©tĂ© de la quantification. Câest ce quâexplique Carl T. Bergstrom, dans son livre Calling Bullshit: The Art of Skepticism in a Data-Driven World :
« Les chiffres sont des vĂ©hicules idĂ©aux pour diffuser du bullshit. Ils donnent l'impression d'ĂȘtre objectifs, mais sont facilement manipulĂ©s pour raconter l'histoire que l'on souhaite. Les mots sont clairement des constructions de l'esprit humain, mais les chiffres ? Les chiffres semblent provenir directement de la Nature elle-mĂȘme. Nous savons que les mots sont subjectifs. Nous savons qu'ils sont utilisĂ©s pour dĂ©former et brouiller la vĂ©ritĂ©. Les mots suggĂšrent l'intuition, le sentiment et l'expressivitĂ©. Mais pas les chiffres. Les chiffres suggĂšrent la prĂ©cision et impliquent une approche scientifique. »
Carl T. Bergstrom, Calling Bullshit: The Art of Skepticism in a Data-Driven World
Nous admettons aisĂ©ment lâautoritĂ© de la science, de la logique et des chiffres. Et dans le cadre de lâentrepreneuriat, il est vrai que câest bien utile. Mais la sacro-sainte quantification, portĂ©e par les entreprises, a dĂ©sormais investi les plates-bandes de la santĂ©, de lâintimitĂ©, du rapport au corps, de lâĂ©ducation⊠Posant une question qui me semble importante : un monde dans lequel on sait et on sâapplique Ă absolument tout mesurer est-il rĂ©ellement souhaitable ?
Est-ce souhaitable quâaujourdâhui, les relations soit jaugĂ©es sur la base du nombre de âmatchesâ quâon accumule sur les apps ? Sur celle du nombre dâamis et de followers quâon a sur les rĂ©seaux ?
Est-ce souhaitable de conditionner lâaccĂšs au crĂ©dit et Ă lâassurance aux personnes seulement aprĂšs avoir jaugĂ© leur taux de cholestĂ©rol ?
Est-ce souhaitable de mĂ©dier notre rapport Ă notre propre corps par des interfaces qui mesurent nos constantes vitales ? De dĂ©compter les minutes et les âstreaksâ de mĂ©ditation guidĂ©es que lâon fait Ă travers des apps ? Le mois dernier, la salle de sport premium Equinox aux Etats-Unis a lancĂ© un abonnement annuel Ă 40 000 dollars, promettant Ă ses membres une âvie plus longueâ, en sâappuyant sur lâanalyse de la âbiodata de chaque individuââŠ
Knowledge is power, dit lâadage - et câest tout Ă fait vrai. Mais quand la donnĂ©e est utilisĂ©e pour quantifier lâhumain et ses performances, se pose une autre question : Ă qui revient ce pouvoir ?
Je vous le donne en mille : certainement pas aux individus qui produisent la donnĂ©eâŠ
Quantifier pour mieux régner
RĂ©cemment, jâai dĂ©vorĂ© La Zone du Dehors, livre Ă©crit par le brillant auteur Alain Damasio (dont je suis dĂ©sormais une fan girl assumĂ©e). Sans vous spoiler, cette oeuvre se joue sur Cerclon, une planĂšte sur laquelle sâest rĂ©fugiĂ© une partie de lâhumanitĂ©, gouvernĂ©e par une sociĂ©tĂ© de contrĂŽle sous le modĂšle dĂ©mocratique. Dans ce futur dystopique, Damasio introduit le concepte du Clastre, pilier fondamental de la sociĂ©tĂ© de Cerclon :
Tous les deux ans, tous les citoyens se réunissent pour « classer » leurs compatriotes en fonction de leurs performances sur un certain nombre de critÚres : leur comportement, leur efficacité au travail, etc. De l'issue du clastre, dépendent le nom (composé d'un code de lettres) de l'individu (en développant l'idée de « dividu » n'existant que dans son rapport à la masse) et sa place dans le systÚme. Les habitants de Cerclon se surveillent donc mutuellement et doivent, sous peine de déclassement, rester dans la « norme ».
Un concept qui rappelle cet Ă©pisode gĂ©nial de Black Mirror, Chute libre, qui se dĂ©roule dans un monde oĂč chaque personne note les autres de 0 Ă 5, les mieux notĂ©s ayant accĂšs Ă de meilleurs services.
Et si on regarde du cĂŽtĂ© de notre monde rĂ©el, on y est dĂ©jĂ en partie avec le Credit Score aux US ou le SystĂšme de CrĂ©dit Social en ChineâŠ
Dans lâunivers des entreprises, lâultra-quantification individuelle sâest aussi dĂ©veloppĂ©e : elle mesure notamment la performance des salariĂ©s avec le systĂšme des OKR (Objective Key Results).
Mais il y a quelques annĂ©es, elle a dĂ©passĂ© un nouveau cap, avec la crĂ©ation de âHuman IPOâ : une sociĂ©tĂ© qui propose aux crĂ©ateurs et aux stars de devenir des produits financiers et de sâauto-introduire en bourse, en permettant Ă leurs fans et leurs followers dâacheter des âactionsâ dont la valeur Ă©volue en fonction de leur popularitĂ© et leur carriĂšre. Je rĂ©pĂšte : on peut dĂ©sormais introduire des humains en bourse đ± Je nâose mĂȘme pas imaginer lâĂ©tat Ă©motionnel des gens quand leur âcoursâ descendâŠ
Bref - la quantification Ă lâextrĂȘme est devenue une norme, partout, tout le temps. Et lâaspect pernicieux de cette derniĂšre, câest quâelle offre aux dĂ©cideurs (les gouvernements, les employeurs, etc) un moyen de contrĂŽle sur les individus. Pouvoir mesurer quelque chose de maniĂšre objective Ă travers la quantification (un humain, par exemple), câest pouvoir le comparer Ă dâautres Ă©lĂ©ments. Et la comparaison, la hiĂ©rarchisation des individus (Ă travers leurs performances sportives, professionnelles, leur Ă©tat de santĂ©, etc), câest le meilleur levier de contrĂŽle qui existe dans nos sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques.
Bien sĂ»r, la data est aussi une source de progrĂšs incroyable ! Mais jusquâoĂč pouvons-nous (et devons-nous) aller ? Quelle est la frontiĂšre entre quantifier pour amĂ©liorer la vie des individus et mesurer pour crĂ©er des normes qui contrĂŽlent et limitent ?
Je nâai pas la rĂ©ponse - mais jâai une autre question : plutĂŽt que de faire la part belle aux donnĂ©es, et si on essayait plutĂŽt de remettre plus de sĂ©rendipitĂ© dans nos vies et dans nos entreprises ?
Remettre de la sérendipité dans nos vies - et nos business
Il est grand temps de remettre un peu de chaos crĂ©atif dans notre quotidien ! Et je suis persuadĂ©e, Ă titre personnel, que la sĂ©rendipitĂ© peut nous y aider. Ce terme un peu Ă©sotĂ©rique dĂ©signe l'art de faire des dĂ©couvertes inattendues ou heureuses par accident. Elle se manifeste de maniĂšre imprĂ©vue, lorsquâon laisse place Ă l'intuition et Ă l'exploration. Dans un monde dominĂ© par la quantification et le contrĂŽle, la sĂ©rendipitĂ© est une maniĂšre pour les gens - et les entreprises - de se dĂ©marquer, en sortant de la « norme » quantifiĂ©e et balisĂ©e.
âš Dans nos vies personnelles, cultiver la sĂ©rendipitĂ©, câest sortir de sa zone de confort et ĂȘtre rĂ©ceptif aux opportunitĂ©s qui surgissent sans prĂ©venir.
đ« Dans le cadre du marketing et pour les entreprises, plutĂŽt que de se fier uniquement aux donnĂ©es quantitatives pour orienter les stratĂ©gies, la sĂ©rendipitĂ© peut ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans le processus de crĂ©ation et d'innovation.
ConcrĂštement, comment sây prendre ? La sĂ©rendipitĂ©, vous lâaurez compris, ça ne se convoque pas Ă la demande... Mais vous pouvez tout de mĂȘme concevoir un terreau fertile, qui la favorise :
CrĂ©er un cadre propice Ă la curiositĂ© et lâexploration : ouvrez les Ă©coutilles Ă fond et explorez de nouveaux horizons. Que ce soit en participant Ă des Ă©vĂ©nements de networking, des ateliers ou des sĂ©ances de formation - renouez avec le hasard des rencontres et lâĂ©nergie crĂ©ative qui vous habite !
Rechercher la diversitĂ© des points de vue : exposez-vous aux points de vue divergents et aux expertises complĂ©mentaires. Plus vous diversifiez vos sources dâinformation et dâinspiration, plus vous serez en mesure de gĂ©nĂ©rer des idĂ©es novatrices.
Pratiquer la pensée latérale : comme le résume Wikipedia, « cette technique de résolution de problÚmes consiste à appréhender les problÚmes sous plusieurs angles, nouveaux ou hors du champ habituel d'études, au lieu de se concentrer sur une approche éprouvée mais linéaire et limitée. »
Sortez de votre zone de confort : câest souvent dans lâinconfort que la crĂ©ativitĂ© se manifeste. Alors nâhĂ©sitez pas Ă vous challenger en vous confrontant Ă des univers et/ou des situations que vous ne maĂźtrisez pas ou que vous ne pouvez pas mesurer. Par exemple, en allant tester lâimpro ou en vous lançant dans un nouveau projet !
Du cĂŽtĂ© du business, cela passe aussi par plusieurs leviers que jâexpĂ©rimente depuis plusieurs annĂ©es (et qui sont redoutablement efficaces) :
Le fameux pay it forward - ou lâapproche qui consiste Ă donner (son temps, ses conseils, ses idĂ©esâŠ) avant de demander. Impossible de savoir quand vos actions seront ârĂ©compensĂ©esâ mais plus vous offrez, plus vous recevrez. Cette rĂšgle sâapplique autant pour les individus que pour les entreprises ! Mais elle reste souvent difficile Ă justifier Ă une direction ou un COMEX qui se concentre sur la performance mesurĂ©e et les KPIsâŠ
La crĂ©ation de chambres dâĂ©cho et de caisses de rĂ©sonance. Vous avez un sujet qui vous passionne, une idĂ©e de projet ? Historiquement, on vous aurait conseillĂ© de travailler discrĂštement dessus, pour quâon ne vous pique pas cette idĂ©e. Je suis convaincue du contraire ! Plus vous parlez de votre sujet et le partagez aux autres, plus vous aurez de chances dâactiver la sĂ©rendipitĂ© et de ârecevoirâ des opportunitĂ©s pour faire avancer votre projet. Autrement dit, exit les stratĂ©gies en sous-marin et bonjour le Build In Public !
Par petites touches, ces stratĂ©gies peuvent sâavĂ©rer utiles pour sâextirper en partie de notre sociĂ©tĂ© de contrĂŽle (toutes proportions gardĂ©es) et du diktat de la data. JâespĂšre en tout cas quâelle vous auront donnĂ© envie dâactionner la sĂ©rendipitĂ© dans votre quotidien, que cela soit du cĂŽtĂ© pro ou dans votre vie perso !
Noémie
đź #88 - Construire les rĂ©cits de demain, avec CĂŽme Girschig
On nous le rĂ©pĂšte en boucle Ă longueur de journĂ©e : changer de trajectoire et adopter les mesures nĂ©cessaires Ă la transition Ă©cologique nâest pas simple, mais câest une nĂ©cessitĂ©. Sauf que, problĂšme : le changement est une dynamique difficile Ă impulser. Et plutĂŽt que de dĂ©construire les idĂ©aux qui nous ont menĂ©s vers une sociĂ©tĂ© de surconsommation, il devient urgent de crĂ©er des rĂ©cits portĂ©s par les marques pour rendre dĂ©sirable un futur plus sobre. Pour parler de ce sujet, jâai rencontrĂ© CĂŽme Girschig, confĂ©rencier engagĂ© pour lâĂ©cologie dĂ©mocratique et sociale.
đ #89 - CrĂ©er un mĂ©dia communautaire Ă partir de sa newsletter
Trois ans aprĂšs une premiĂšre rencontre dans le podcast The Storyline, je retrouve Dan Geiselhart, auteur, journaliste et cofondateur des newsletters TechTrash, Climax ainsi que du studio de newsletter Courriel. Dan mâa livrĂ© sa vision de la grande tendance des newsletters et de leur impact dans la stratĂ©gie des marques.Â
Alors, ça vous a plu ?
đ GĂ©nial ⹠đ Bien ⹠đ Bof ⹠đ Nuuuul
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