🎧 Oh Devil
Hello tout le monde !
J’espère que vous profitez des beaux jours qui reviennent ☀️
Du côté de The Storyline, dernière ligne droite avant les vacances d’été : dans la prochaine édition (dans 2 semaines, donc), je vous dévoilerai quelques petits changements éditoriaux et des évolutions du format de cette newsletter, pour qu’on reprenne sur des chapeaux de roue à la rentrée !
Depuis plusieurs années, les marques qui se mettent à l’inbound marketing (et misent gros sur la création de contenu pour attirer des prospects) sont de plus nombreuses. À tel point qu’aujourd’hui, c’est une véritable cacophonie en ligne : tout le monde y va de son livre blanc, de sa newsletter brandée, de ses pillar page et j’en passe et des meilleures... D’un côté, c’est chouette : l’inbound ‘force’ les marques à mettre plus d’efforts dans la création de contenu user-centric et moins intrusif. De l’autre côté, cela signifie que comme toutes les stratégies d’acquisition, les consommateurs finiront par saturer et l’inbound risque de perdre en efficacité. La semaine dernière, pendant un webinaire, on m’a posé la question : “comment faire pour se différencier si tout le monde crée du contenu ?”.
Cette question, honnêtement, elle pique. D’une part, parce que si j’avais la réponse je serais sûrement milliardaire et en train de me siffler des mojitos à Punta Cana. D’autre part, parce qu’elle souligne la non-pérennité des stratégies marketing, quelles qu’elles soient.
Je n’ai donc pas la solution à cette question mais elle me taraude depuis un bout de temps - et je pense qu’un des éléments de réponse repose dans l’originalité du contenu créé par les marques. Pas uniquement du point de vue de la forme (l’identité visuelle, le ton, …), mais aussi de celui du fond (la nouveauté, la radicalité des idées et du discours qu’elles développent). Mais avoir des idées novatrices demande un long travail de réflexion et de l’organisation - l’objectif du Zettelkasten, dont je vous parle dans cette édition, est de faciliter ce processus.
Bonne lecture !
Noémie
Brain food 🧠
Des signaux faibles (ou forts) révélant les liens complexes entre marques, individus et nouvelles technologies - et l’impact sur nos jobs et nos modes de vie.
⚔️ Battle Royale. Un essai du serial entrepreneur Carlos Diaz sur la vraie bataille de l’économie des créateurs. Selon lui, l’enjeu n’est pas la monétisation des contenus, mais leur ownership. Aujourd’hui, l’économie des créateurs est cadrée et contrôlée par les plateformes (TikTok, Substack, …). Demain, elle pourrait être décentralisée et communautaire, grâce à des technologies comme la Blockchain ?
👿 Dictature culturelle numérique. Dans cet excellent article d’Usbek et Rica, l’auteur Enki Bilal interroge les effets néfastes du digital sur la culture et l’imaginaire humain. Flippant, mais passionnant !
🔁 Play again. En Chine, 75% du temps des utilisateurs d’apps mobiles est réparti dans les écosystèmes de Tencent, Alibaba, Baidu, Bytedance et Kuaishou. Ce qui génère une rude bataille pour l’attention entre ces géants de la tech chinoise. Leur stratégie de prédilection ? Miser sur la gamification à l’extrême pour maintenir leurs utilisateurs le plus longtemps possible sur leurs interfaces.
💡 Genius Musk. On a beau en penser ce qu’on veut du personnage, la stratégie de Tesla est aujourd’hui un cas d’école : attaquer le pan ‘high-end’ d’une industrie pour financer la production de modèles accessibles, et construire une infrastructure encourageant de nouvelles formes de production d’énergie. Vous ne l’aviez pas vu venir ? Pourtant, Elon Musk a partagé cette vision sur son blog en 2006. Pari tenu !
Pause café ☕
Des informations random pour se marrer, se détendre ou s’inspirer
🧬 La forme des histoires, vue par Kurt Vonnegut. L’écrivain américain plie le game du storytelling en 4 minutes, montre en main, et avec beaucoup d’humour…
Créer son Zettelkasten pour construire une pensée originale
Cette semaine, pour faire honneur au sujet de prédilection de Valentin, le dernier invité en du podcast, je vous propose de parler d’écriture.
Dans plusieurs des newsletters précédentes, j’avais déjà abordé le sujet sous plusieurs angles différents :
Comment créer sa propre diète informationnelle
Routines pour dompter le processus d’écriture
Le business des newsletters en 2021
Mais en amont de l’acte d’écrire, il se passe tout un tas de choses que l’on a tendance à sous-estimer… Et parmi ces choses, il y a la maturation de vos idées. Parce que malheureusement (ou heureusement ?), contrairement à ce que l’on en dit, les idées originales n’apparaissent pas sur un coup de génie. Au contraire, elles germent dans votre esprit sur des durées plus ou moins longues, avant de vraiment prendre forme et mériter d’être couchées sur le papier.
Biais 1 - 0 sens critique 🥊
Pour écrire des choses intéressantes ou un peu nouvelles, donc, il vous faut vous créer un véritable « jardin d’idées », que vous êtes responsable d’entretenir et de faire pousser. Un projet sympathique sur le principe, mais pas si facile à mettre en place. Pourquoi ? Parce que vous allez rapidement être confronté.e à l’ennemie principale de votre cerveau : l’armée des biais 🧠 Je vous en ai déjà parlé dans plusieurs éditions précédentes, mais globalement, au quotidien, vous luttez contre TOUT ÇA :
Non, vous ne rêvez pas, chaque petite ligne (toute petite ligne même) de texte, c’est un biais qui influence vos décisions et votre perception de votre environnement.
Et bien évidemment, en ce qui concerne le “jardinage d’idées”, ces biais cognitifs ne sont pas en reste.
Nous modifions et renforçons certains souvenirs après coup ;
Nous rejetons les spécificités pour former des généralités ;
Nous réduisons les événements et les listes à leurs éléments clés ;
Nous stockons les souvenirs différemment en fonction de la façon dont ils ont été vécus ;
Nous sommes attirés par les détails qui confirment nos propres croyances ;
Nous remarquons les choses déjà ancrées dans notre mémoire ou répétées souvent.
Et tous ces comportements, confortablement installés dans nos cerveaux reptiliens, ne sont pas faciles à déloger !
Un biais en particulier m’interpelle : c’est celui qui consiste à stocker les souvenirs différemment en fonction de la façon dont ils ont été vécus. Parce que même si nous avons une bonne mémoire, nous ne ‘processons’ pas les informations de manière uniforme et intelligente : les émotions dominent le processus ! Et quand les émotions s’en mêlent… Pas forcément facile de travailler ses idées et construire sa pensée.
Et pourtant, aujourd’hui, alors que les deepfakes s’invitent dans nos feeds sur les plateformes, que les fermes de trolls sont une réalité en Russie (sueurs froides cette vidéo 😰) et que la culture du conformisme s’impose en ligne… Construire son propre système de réflexion et travailler son sens critique est plus que jamais nécessaire !
Alors, comment archiver intelligemment les informations que nous consommons chaque jour, et comment les faire communiquer entre elles pour développer de nouvelles réflexions ? C’est tout l’objectif du Zettelkasten, que j’ai découvert il y a un an.
Zettelkasten : construire sa boîte à idées 📦
En bonne alsacienne que je suis, le mot m’a tout de suite séduite. Il signifie tout simplement, “boîte à idées”. Aaaah, la magie des langues germaniques !
Fin de la pause meme - le Zettelkasten, donc, ou la ‘boîte à idées’, désigne un système de gestion de connaissances et de prises de notes. Pourquoi utiliser le mot boîte à idées, me demanderez-vous peut-être ? (ou bien peut-être que vous vous en cognez complètement, mais je vais quand même répondre)
Eh bien Jamie, parce qu’à l’époque lointaine où les ordinateurs, les smartphones, Trello et Google Docs n’existaient pas, les gens utilisaient des notes écrites 😱 Vous vous souvenez de vos fiches de lecture et de révision à l’école ? Imaginez un laboratoire rempli de scientifiques, et de centaines de milliers de petites fiches cartonnées. En termes de gestion logistique, sans la possibilité de faire “Ctrl + F”, il fallait que le système adopté soit sans faille pour retrouver une information parmi une marée de supports !
C’est la raison pour laquelle le Zettelkasten a vu le jour. Et comme l’explique très bien Wikipedia,
La méthode consiste en des notes prises séparément, ajoutées au fil du temps lorsque des événements, réflexions ou remarques surviennent, ou lorsque de nouvelles connaissances sont acquises. Les notes sont organisées de façon hiérarchique, de sorte à pouvoir les classer, et contiennent également des métadonnées, permettant de les associer les unes avec les autres.
L’idée est donc de faire une fiche par idée et de lui donner un identifiant unique, puis d’assigner un ou plusieurs tags à cette fiche, puis de répertorier sur un index les différentes fiches correspondant à un tag donné. Vous êtes toujours avec moi ? Une fois compris, ce système peut s’avérer redoutable, et permet d’associer des idées, de suivre l’évolution d’un concept, ou simplement d’enrichir vos connaissances sur une notion donnée.
Initialement utilisé dans la gestion des connaissances au format matériel, le concept du Zettelkasten a été repris par des outils numériques, et vit sa vague de hype ces derniers temps, notamment grâce à l’avènement de la désormais célèbre startup Roam Research, qui s’était faite remarquer l’an dernier après avoir atteint une valorisation de 200 millions de dollars sur une levée de fonds en série Seed ! Pour vous donner un ordre d’idée, la valorisation moyenne sur ce type de levée est en général de 2 millions (aux US).
Et donc concrètement, comment se construire un Zettelkasten digital ?
Les étapes de la construction d’un Zettlekasten en ligne 🔮
En ce qui concerne le choix de l’outil, de nombreuses options s’offrent à vous : certains utilisent Evernote, d’autres Notion, d’autres Trello… Mais la difficulté de ces plateformes est qu’elles ne proposent pas d’interconnecter les idées entre elles de manière simple.
L’une des options les plus avancées aujourd’hui (du moins, celle que j’utilise personnellement) est Roam. Une fois que vous avez choisi votre outil, à vous de définir le mode de fonctionnement qui vous correspond pour archiver les idées que vous voulez garder en tête ! Mais il y a tout de même des étapes incontournables que vous pouvez adopter :
Etape 1 : organiser ses notes 📝
Première chose à faire : définir quel type d’information et d’idées vous voulez mettre dans votre Zettelkasten. Quelles catégories voulez-vous créer ? Quels tags allez-vous utiliser ? Attention à ne pas trop vous disperser et à ne pas trop créer de tags différents, sinon vous risquez de vous y perdre rapidement.
L’objectif est que pour tout tag ou pour toute catégorie, une succession d’idées et d’informations s’affichent sur la même page, venant enrichir votre réflexion globale pour ce sujet.
Une fois l’organisation définie et le cadre posé, il vous faudra nourrir la machine, et l’alimenter de contenu.
Etape 2 : se construire une routine de traitement de l’info ⚙️
Aux débuts de votre projet, vous allez certainement être ultra motivé.e et parfaitement remplir votre Zettelkasten, jour après jour. Mais le problème, c’est que dans la durée, il est difficile de rester rigoureux et de se tenir à une discipline d’archivage des contenus que vous consommez.
Alors pour éviter l'effet ballon de baudruche qui se dégonfle, n’hésitez pas à vous créer une routine de lecture / écoute de podcasts / traitement de l’information. Et ce, de préférence, sur un créneau dédié.
Par exemple, pour ma part, un matin sur deux la semaine, j’essaie au maximum de bloquer la première heure de ma journée à la lecture des newsletters dans ma boîte mail ou des contenus que j’ai sauvegardé dans ma bibliothèque. Pendant ces lectures, je reporte systématiquement chaque idée, je la taggue, et je l’archive dans Roam.
Cette discipline permet d’accumuler assez de contenus et d’idées pour en développer de nouvelles !
Etape 3 : reprendre ses notes pour développer des idées nouvelles 💡
J’aime beaucoup cette citation de Tim Urban, le créateur du génial média Wait But Why :
On one side of the spectrum, you’re completely copying the exact style and even the wording of another writer you like — let’s call that a 1. On the other side, you’re completely unique, writing in a way the world has never seen before — let’s call it a 10. Your goal is to start somewhere in the middle and then work your way up the scale as you mature as a writer.
That said, having influences is inevitable and perfectly okay, because true 10s don’t exist. This same concept applies to stand-up comedy, music, or any other type of art. It’s a badge of honor to say The Beatles are one of your influences, but no one likes a songwriter who’s blatantly copying The Beatles. Without getting to a 7 or 8 on the uniqueness spectrum, there’s likely a ceiling on how high your writing career can go.
Tim Urban (Wait But Why)
Alors pour passer à un 7 ou à un 8 dans l’échelle de l’originalité de vos écrits, il faut trouver des angles de réflexion novateurs et inattendus. Plus facile à dire qu’à faire, je vous l’accorde ! Ceci dit, c’est là que le Zettelkasten prend tout son sens : certains outils poussés comme Roam permettent d’identifier les connections que vous avez fait en termes de sujets, de tags et d’informations, pour mettre en lumière des associations d’idées, de la manière suivante :
Plus vous consommez de l’information et la “processez” correctement, plus vous allez naturellement (et parfois inconsciemment) créer des associations entre des choses nouvelles. Et au bout d’un moment, ça fera comme ça dans votre cerveau :
Plus vous saurez laisser libre cours à vos pensées et suivre le fil (digital) de vos idées, plus elles vous ressembleront !
Bonus étape 4 : se débarrasser de son ego 👑
La semaine dernière, j’ai discuté dans le podcast avec Valentin Decker, dont la plume est sacrément affutée ! Et assez rapidement, nous avons parlé d’un sujet un peu tabou : celui de l’égo dans la création. Quand on écrit un article, produit une vidéo, ou poste un message sur Linkedin, on se rend vulnérable, on s’expose au jugement d’autrui. Et il n’est pas évident de se détacher de ses créations !
Pour Valentin, écrire implique d’accepter que son contenu ne plaise pas à tout le monde. C’est une notion centrale de Sauce Writing, son académie d’écriture : l’humilité. Pour lui, c’est en affinant son contenu et en assumant ses idées que l’on peut trouver la bonne conjonction d’intérêts spécifiques qui parle à une cible certes réduite, mais nettement plus engagée. Plus on assume ses idées et ses valeurs, plus on parvient à toucher profondément ses lecteurs. Mais en cours de route, il faut accepter de perdre du monde…
Ça peut sonner un peu bienpensant, mais la sincérité est un puissant vecteur d’engagement. On touche sa cible lorsque l’on parvient à lui faire passer des convictions et à créer des émotions fortes. Et pour arriver à ce stade, il faut savoir mettre son égo de côté et gagner en confiance en soi. Mais ce, sans tomber dans l’arrogance ou l’élitisme intellectuel ! Bref, un sacré jeu d’équilibriste qui demande du travail, de la motivation… et de l’organisation 😉
Alors filez donc construire votre propre Zettelkasten !
Dans le dernier épisode de The Storyline, j’ai eu le plaisir d’échanger avec Valentin Decker, fondateur de l’académie d’écriture Sauce Writing. Après des études en école de commerce et un passage chez LiveMentor en tant que copywriter, Valentin s’est lancé il y a un peu plus d’un an dans l’aventure Sauce Writing : une communauté en ligne à laquelle il partage des outils et frameworks pour s’initier à l’écriture. Sauce Writing, c’est aussi un état d’esprit, distillé dans ses formations et dans le cadre de bootcamps.
Ensemble, nous avons échangé sur l’importance de l’écriture aujourd’hui et sur les nombreux stéréotypes qui lui restent associés. Valentin distille dans l’épisode de précieux conseils pour en faire une nouvelle compétence clé pour son business. Notamment en s’en servant pour décrocher de nouvelles opportunités. Il m’a aussi expliqué comment mieux se connaître, et développer sa propre voix grâce à ce bel outil.
Alors, ça vous a plu ?
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D’ici-là, je vous donne rdv dans deux semaines pour la prochaine édition !